Improverti (17/11/2024)

Cette obsession que j’ai pour l’improvisation théâtrale m’étonne toujours autant. Comment puis-je autant apprécier d’être en difficulté ou en inconfort, à un point tel que je sens le besoin d’y retourner même quand cela se passe « mal » ?

Alors que dans la vie de tous les jours, je répugne le moindre imprévu.
Que la moindre décision revêt une importance si cruciale qu’elle me paralyse ?
Que demander une cruche d’eau au restaurant me paraît être une épreuve de grand oral ?
Que passer un appel téléphonique me demande de 30 minutes de « préparation mentale », à répéter ce que je m’apprête à dire ?

Et que même quand j’ai préparé mon arbitrage de Catch des jours durant, je ne suis pas à l’abri de rater le début de mon entrée ou d’avoir ma première catégorie qui tombe à l’eau car la vidéo préparée depuis des jours ne veut juste plus se lancer… alors qu’elle marchait une demie-heure avant.

Ces expériences, ces « échecs », ce fracas avec l’imprévu forgent peu à peu le comédien, et même le clown, autant qu’ils forgent la personne.
En 5 ans d’impro, j’ai traversé des déconvenues, des mauvaises surprises, et pourtant j’en redemande toujours plus. Parce que je sens que j’évolue.

Je suis devenu accro à la prise de risque sur scène, au grand flou dans lequel on patauge sur les premières secondes d’impro… à l’inattendu toujours susceptible de se pointer et nous pousser dans nos retranchements.
Car c’est dans ce magma incertain qu’on trouve le « Jeu »

Et pour qu’un gars comme moi se retrouve même à faire du seul en scène improvisé, c’est que l’impro est le formidable coup de pied au cul dont j’ai eu besoin toute ma vie.
Comme dirait mon compère JB, « ça m’a changé de paradigme »

Je ne suis plus introverti. Je suis improverti

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